Dans la continuité du travail entrepris depuis de nombreuses années autour de la thématique du corps, de la peau et du regard, c'est encore lui qui est ici convoqué ainsi que sa position dans l'espace, et le regard qu'il porte.
J'aborde l'horizon, à travers un regard personnel, intime, fragile et sensible.
La fuite du regard vers le haut ou vers le bas, échappant volontairement à la vue frontale de la ligne d'horizon, est exprimée par une série d'objets (ready-made, ou objets dessinés, brodés, brûlés ou rouillés).
En haut, le ciel nuageux...étoiles et lune, en bas...la mer et ses profondeurs abyssales, restent immatériels, indéfinis, sans limites visuelles... Il s'agit d'appréhender le plein et le vide, l'immersion et l'impalpable.
Si la ligne d'horizon apparaît parfois, c'est pour mieux encore opérer le basculement du regard et l' évitement de celle-ci. La ligne d'horizon n'est pas illimitée...une montagne, une ville, une forêt, peuvent l 'escamoter.
Les deux espaces que sont le ciel et la mer, eux, sont sans fin alors que l'horizon est annihilé ou repoussé sans cesse. Accessible.
Dans l'espace céleste qu'observe la sphinge (1), miroite la lune, scintillent les étoiles. Elles se réflètent dans une sorte de complicité métaphorique sur son visage hiératique, observateur et attentif. Son visage semble figé dans une sorte de rêverie, dans une quête de l'inaccessible...Quoi donc peut en parvenir ? Qui donc peut survenir ? Cet infini mystère..., que nous réserve t'il ? Quel possible réponse ? Je lui pose la question : « Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir ?(2) et (3).
A son image, dans cette introspection mélancolique, « je suis dans la lune »...immergée dans le rêve, souhaitant fuir le réel, être ailleurs.